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GRECE - DU NOUVEAU ? le parti antiaustérité progresse en Grèce

mardi 30 décembre 2014

La coalition de la gauche radicale Syriza, en tête dans les sondages avec 29,9 % des intentions de vote

Les députés grecs ont échoué, lundi 29 décembre, à élire un président, précipitant des législatives anticipées. Le 25 janvier, les Grecs seront donc appelés aux urnes pour renouveler leur Parlement – la Vouli – composé de 300 élus. La coalition de la gauche radicale Syriza, en tête dans les sondages avec 29,9 % des intentions de vote, selon une enquête Palmos Analysis, inquiète les marchés et les instances européennes. Dans l’enceinte du Parlement, ce lundi, les 71 députés de Syriza ont salué le résultat de cette élection à trois tours qui pourrait permettre à leur parti d’accéder au pouvoir.

Quelle politique Syriza défend-elle ?

Né au début des années 2000, la coalition de gauche radicale a prospéré dans le sillage de la crise économique de 2008 en surfant sur une politique antiaustérité. Parmi ses propositions :

un moratoire sur les dettes privées aux banques ;
la hausse du salaire minimal ;
l’annulation de près des deux tiers de la dette publique ;
l’instauration d’une « clause de développement » ;
la recapitalisation des banques, sans que les sommes en question soient comptabilisées dans la dette publique du pays.

Après six ans de récession et une cure de rigueur, Syriza séduit de plus en plus d’électeurs. Si le pays a retrouvé une faible croissance, les avancées pour les quelque 10,8 millions d’habitants sont moins visibles. Le revenu moyen disponible a chuté de 35 % entre 2009 et 2013, le chômage s’établit à 25,7 % en septembre, les arriérés envers l’Etat s’élèvent à la fin novembre à 71,5 milliards d’euros...

La Grèce va mieux, les Grecs pas tellement


Quelles sont ses chances pour ces législatives ?

Syriza a récolté près de 26,8 % des voix lors des législatives du 17 juin 2012. Aux élections européennes de mai 2014, la parti a rassemblé 26,7 % des suffrages. Si ces victoires lui ont donné des ailes, une victoire lors de ce nouveau scrutin n’est pas encore acquise. L’obtention de 151 sièges au Parlement est nécessaire pour pouvoir gouverner, une majorité qui ne serait pas atteinte par Syriza selon les derniers sondages. Le parti devra donc composer avec d’autres forces politiques. Le Dimar, petit parti de gauche, pourrait être tenté de rallier Syriza. Un accord de principe semble avoir été trouvé, mais il reste à valider par les directions des deux partis.

Pourquoi Syriza « effraie » les marchés financiers ?

Le parti Syriza insiste régulièrement : il ne souhaite pas la sortie du pays de la zone euro – le redouté « Grexit » – mais seulement la révision des politiques d’austérité, plus particulièrement la renégociation des mémorandums. Ces deux accords cadres, validés avec la troïka (FMI, BCE, Commission européenne), imposent des réformes économiques pour restaurer la viabilité des finances publiques en échange de prêts d’une valeur de 240 milliards d’euros. La perspective que Syriza revienne sur ces réformes mises en œuvre depuis 2010 inquiète les acteurs des marchés financiers. Lundi, la Bourse d’Athènes a perdu jusqu’à 11 % avant de clôturer à – 3,91 %.

La Commission européenne, qui ne s’ingère généralement pas dans la politique des Etats, voit également d’un mauvais œil la montée de la gauche radicale. Quelques jours avant le premier tour de la présidentielle, son président, Jean-Claude Juncker, avait ainsi insisté en expliquant qu’il « n’aimerait pas que des forces extrêmes arrivent au pouvoir » en Grèce et qu’il « préférerait revoir des visages familiers en janvier ». Lundi, le commissaire européen Pierre Moscovici a appelé les électeurs grecs à soutenir les réformes « favorables à la croissance », préférant les partis du gouvernement actuel, la Nouvelle Démocratie (droite conservatrice) et le Pasok (socialiste).

Qui est Alexis Tsipras, leader du parti ?

En moins d’une décennie, Alexis Tsipras est devenu une figure incontournable de la politique grecque. Cet ingénieur civil âgé de 40 ans qui inspire la gauche européenne a fait ses premiers pas au sein des Jeunesses communistes, à la fin des années 1980, puis a fait partie du mouvement de rénovateurs qui fit scission avec le Parti communiste grec, le KKE (pour Kommounistiko Komma Elladas) – le mouvement sécessioniste est devenu par la suite la coalition Syriza. Alexis Tsipras a été dans un premier temps responsable de la jeunesse, avant de gravir les échelons du parti et de viser la mairie d’Athènes, en 2006.

Depuis son application, Alexis Tsipras n’a cessé de dénoncer vigoureusement la politique de rigueur. Il n’a pas non plus hésité à hausser le ton contre la chancelière allemande, Angela Merkel. En mai 2012, il avait ainsi lancé, à l’occasion d’une réunion du Parti communiste français et du Front de gauche à l’Assemblée nationale française :

« La Grèce est un pays souverain. Ce n’est pas à Mme Merkel de décider si nous allons avancer vers un référendum ou non. Mme Merkel doit comprendre qu’elle est un partenaire comme les autres (...) dans une eurozone sans locataire ni propriétaire. »

Aujourd’hui, Alexis Tsipras croit en sa victoire. A l’issue de l’échec du troisième tour de l’élection présidentielle, il a assuré : « Le peuple est déterminé à mettre fin à l’austérité et aux mémorandums. Le gouvernement Samaras appartient déjà au passé. »

Lire le portrait : Alexis Tsipras, le jeune « rouge » qui profite de la vague anti-« troïka » en Grèce

Elisa Perrigueur
Journaliste au Monde

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